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Publié le 18/09/2023

Entretien avec Joël Legars - "Enquête au collège"

Cette année, Jean-Philippe Arrou-Vignod a confié ses jeunes héros, qui l’accompagnent depuis plus de trente ans, au crayon de Joël Legars.

Enquête au collège

Comment cette heureuse collaboration avec Jean-Philippe est-elle née ?
Je l’ai rencontré à un Festival de Littérature jeunesse à Cherbourg, il y a quelques années. J’avais lu Enquête au collège après l’avoir acheté pour ma fille et j’avais trouvé ce bouquin très chouette car bien équilibré : un polar avec de l’humour, de l’aventure, et en même temps très touchant. Je lui ai fait part de mes impressions sur son livre et de l’effet qu’il avait eu sur moi. J’ai souligné qu’il se prêterait bien à une adaptation en BD ! Un an plus tard, Jean-Philippe m’écrivait pour me proposer de signer cette adaptation. J’ai évidemment accepté car c’est le genre d’histoire et d’univers dans lesquels je me sens vraiment bien. J’ai été sensible aux personnalités des personnages principaux : Rémi, un cancre attachant, P. P. Cul-Vert, l’intellectuel, en avance sur son âge, un peu arrogant et imbu de lui-même mais intéressant, et Mathilde, la bonne élève avec la tête sur les épaules, une forte personnalité et un esprit aventurier !

Quelle a été votre marge de liberté et d’interprétation ?
J’ai choisi le rythme, les scènes, le découpage. J’ai écrit les dialogues et Jean-Philippe les a retravaillés pour être fidèle au ton de ses romans, ce qui était une très bonne idée car il maîtrise bien le sujet !  
Je pense à P. P. Cul-Vert, à sa manière de parler très particulière, avec une arrogance dissimulée.
Adapter un roman en BD implique de faire des choix et j’ai eu une liberté totale. Par exemple, dans le roman, j’ai senti une attirance entre Rémi et Mathilde. Elle est seulement suggérée et j’ai décidé de l’expliciter car je trouvais cette relation intéressante. Je me suis amusé en exagérant les caractéristiques physiques, en tirant un peu sur la corde comme la BD aime à le faire : j’ai dessiné P. P. Cul-Vert tout petit et tout rond avec des mimiques pas possibles. Pareil pour Rémi dont j’ai fait un grand dadet qui aurait grandi trop vite.

Les romans avaient été illustrés par Serge Bloch.
Comment compose-t-on avec cela et comment définiriez-vous votre style ?

Ses dessins ne m’ont ni influencé ni intimidé. Je m’étais fait une idée visuelle précise de l’univers et des personnages en lisant le livre. L’illustration d’un roman et la réalisation d’une bande dessinée impliquent des dessins et un style différents. Serge Bloch est dans la stylisation, avec un dessin très jeté. Dans la BD, il y a des contraintes techniques : structurer le récit pour donner un rythme, des respirations, et rendre l’histoire compréhensible. Mon style ? Je le décrirais comme relativement naïf, assez « ligne claire », avec un côté brut lié à l’utilisation du crayon.

Quelles références avez-vous convoquées ?
D’abord celles de mon enfance : Le Club des Cinq avec une petite ambiance à la Sempé, le tout légèrement teinté de Modiano pour le côté citadin. On retrouve aussi un peu de Harry Potter – sans la magie – pour le mystère, l’aventure et le huis-clos au sein d’un collège. Ces influences ne sont pas formelles mais impriment leur esprit et leur couleur à cette adaptation.